En cohérence - Être un sujet

Être un sujet, c’est commencer soi-même à se traiter comme un sujet. Se traiter comme un sujet, c’est donner l’exemple de comment on aimerait être traité par les autres. Si tu souhaites être respecté(e) et aimé(e) tel(le) que tu es, je t’invite à le faire d’abord pour toi.

Être un sujet, c’est accepter que tu n’es pas obligé(e) de servir à quelque chose. Tu n’es pas sur terre pour être utile ou utilisé(e). Tu n’es pas là pour être utilisable.

Tu es unique, et ta perte sera certainement douloureuse pour les êtres qui t’aiment. Tu es irremplaçable pour l’univers. Un toi, comme toi, il n’y en a qu’un. C’est toi.

Tu es précieux. Tu es précieuse. L’univers (Dieu ou ce que tu veux) attend de toi que tu prennes soin de toi, car il n’y a rien de semblable à toi, dans aucun monde.

Tu as le choix de faire de ta vie ce que tu veux. Tu peux choisir d’être utile, aux autres, au monde. Tu peux choisir de créer juste pour le plaisir. Tu peux être une cigale qui chante pour rien. Tu peux être qui tu veux. C’est un choix libre que d’avoir (ou pas) des aspirations qui servent le monde. Mais tu n’es pas utilisable. Tu n’es pas « fait(e) » pour servir à quelque chose.

Tu existes, et cela suffit en soi. Tu existes et cela sert l’univers. Même si tu ne fais rien de spécial. Par contre, offrir au monde qui tu es, dans la version de toi-même qui te plaît le plus, c’est ça ta « mission ». C’est là ta seule sphère d’influence ; toi et ce que tu en fais.

Comment tu te choisis. Ce que tu mets en place pour être heureux. Pour être toi.

« Aide-toi et le ciel t’aidera » est un principe qui exprime cette notion de sphère d’influence. Tu ne peux véritablement prendre soin que de toi. Mais lorsque tu es heureux et épanoui, tu influes sur toutes tes relations. Tu es inspirant(e).

Relation de sujet

Une relation de sujet à sujet, c’est prendre conscience que l’autre est un monde complet, d’une richesse infinie, tout comme nous. Être dans une relation de sujet, c’est se mettre en lien avec un autre « je suis », tout en restant à l’intérieur de sa sphère propre d’influence. Si qui « je suis » est inconditionnel et ne peut être remis en cause, alors l’autre ne peut pas l’être non plus. Sinon ce sont des jeux de dominant-soumis.

Une relation saine tient compte de l’altérité. Je reconnais à l’autre toute légitimité à être, à ressentir, à avoir des besoins, des envies, des pensées, des valeurs et des aspirations autres que les miennes.

À partir de là, si je veux découvrir l’autre, je peux le questionner : « C’est comment dans ton monde, dans ton univers ? Comment perçois-tu cela ? Que ressens-tu ? Pourquoi fais-tu cela ? »

La relation de sujet à sujet tient compte des différences entre « être » et « faire ». Si l’être que j’ai en face ne me convient pas, si ses actions ne sont pas compatibles avec mes valeurs et me heurtent, si la relation est stérile ou contre-productive, je peux juste choisir de rester ou de partir. Mais il est inutile de condamner l’autre pour qui il est. Ni pour le punir, ni en vue de

le faire changer. Entrez dans cette danse, et vous entrez dans le triangle de Karpman, connu sous le nom du triangle Victime - Bourreau - Sauveur. C’est une valse sans fin.

Relation d’objet

La relation d’objet est l’opposé de la relation de sujet. Les principes sont inversés dans la relation d’objet. La base de la relation d’objet se formulerait ainsi : « Mon droit à être qui je suis, mon droit à exister est conditionnel, et dépend de ce que je fais. »

L’autre n’a pas de place, et n’est pas reconnu. Cela revient à nier l’altérité. Nier les besoins de l’autre, ses sentiments, ses émotions, ses valeurs…

Dans la relation d’objet, l’être est nié au profit du faire. Le « faire » est valorisé et sous-tend toute reconnaissance de la légitimité à être. La relation d’objet marche avec un système de punition et de récompense plus ou moins explicite qui vise l’être, la légitimité, l’identité, le tropisme, voire le droit à exister. Les récompenses sont basées sur des jugements positifs, et

les punitions sur des jugements négatifs. Cela peut aller jusqu’à créer des conditionnements de type pavlovien ! Pas étonnant ensuite d’avoir encore des petites voix dans la tête qui critiquent nos actions !

La relation d’objet existe avant tout avec soi. Une personne qui est dans une relation saine à elle-même n’acceptera pas longtemps de se voir niée. Elle pourra entendre les critiques ou les ressentis générés par ses actes, mais pour protéger son être elle se repositionnera dans la relation à l’autre de manière affirmée.

Être dans une relation objectivante avec soi, c’est se poser des conditions pour avoir le droit d’exister, d’être qui on est, de grandir dans son tropisme. C’est un système pervers, au sens où cela pervertit la vie, l’épanouissement, la croissance. La relation d’objet dessert le vivant et ses processus.

Lorsque l’on s’objective soi-même, c’est la porte ouverte à d’autres relations d’objet. Il est même carrément difficile qu’il en soit autrement. Essayez donc d’aimer quelqu’un d’un amour inconditionnel alors que celui-ci ou celle-ci se considère comme un outil, comme un objet.

C’est comme s’il n’y avait personne en face à aimer, tant l’autre ne s’autorise pas à exister.

Notre monde regorge d’exemples d’unions basées sur des relations d’objet. Par exemple, cette belle jeune femme épousera un homme plus vieux mais plus puissant, plus riche, plus influent, avec peu de considérations pour qui il est, mais en calculant les avantages financiers à ce mariage et à la succession. Autre exemple, cet homme qui épousera une femme dépendante affectivement et financièrement, et qui la mettra au travail à la maison sans considération pour ses élans ou ses projets de vie. Troisième exemple, cette femme qui expliquera à son conjoint que « pour qu’ils se remettent ensemble, il devra devenir quelqu’un d’autre » (lequel conjoint fera ensuite de son mieux pour devenir la personne qu’elle attend).

Dans une relation d’objet, ce que l’autre fait est plus important que qui il est. Dans une relation d’objet, l’autre est un outil, utilisé pour obtenir quelque chose.

Dans l’exemple ci-dessus de la belle jeune femme et de son mari puissant, chacun trouve un bénéfice secondaire à cette relation. Mais ce n’est pas de l’amour, c’est utile. Comme un objet.

Si être belle permet d’attirer l’attention d’un homme puissant et riche, cela répond à un besoin de sécurité. Si être riche et puissant permet d’obtenir plus facilement les faveurs d’une belle et jeune femme, cela permet de souligner le statut de l’homme, tel un faire-valoir. C’est comme une belle voiture de luxe. Ça pose une situation de pouvoir.

Pour les besoins de l’exemple, je le pose de façon caricaturée et exagérée. Néanmoins, la relation d’objet peut être bien plus discrète et moins explicite.