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Les émotions composites

C’est quoi composite ?

Pour l’approche de la médecine chinoise, il existe des émotions « premières » ainsi que des mélanges d’émotions. Ces émotions mélangées sont ce que l’on nomme des émotions composites. L’approche de la psychologie chinoise propose donc 5 émotions premières ainsi que la possibilité de les mélanger par deux, par trois et ce, potentiellement sans limites !

Je te propose de passer en revue quelques une des plus connue !

Les émotions c’est les couleurs de la vie

Est-ce que tu te souviens de cette image ?

C’est le cercle chromatique. Il présente en son centre les trois couleurs primaires. Magenta, cyan et jaune. Puis dans les triangles les mélanges qui donnent les couleurs secondaires qui découlent du mélange entre deux couleurs primaires. Orange, violet et vert. Puis, vient toutes les autres couleurs.

En vrai on peut parler des heures sur ce sujet du cercle chromatique, tant cela est technique. Je m’excuse aux près des passionné.e.s pour les raccourcis techniques et la vulgarisation incomplètes !

Ce que je souhaite te faire retenir, c’est que les émotions sont comme les couleurs. Il existe les émotions primaires, pures. D’ailleurs dans le taoïsme on les nomment parfois les 5 lumières pures.

Évidemment, chaque individu est différent, et l’apparition des émotions et leur composition varie selon des facteurs psychiques, émotionnels, mais aussi selon le contexte culturel ou environnemental.

Les 5 émotions

Pour la médecine chinoise, les 5 émotions de base sont :

J’imagine que pour les 4 premières c’est une évidence pour toi, mais alors la réflexion ?

Oui, pour la médecine chinoise, la réflexion est un processus permis par les facultés mentales, mais de nature émotionnel.

Et le dégoût et la surprise ? Et bien non, pour l’approche émotionnelle des émotions, ces deux-là ne font pas partie des émotions de base.

La surprise s’apparente à un type de réaction qui peut être associé à des émotions, mais n’est pas uniquement de nature émotionnelle.

Et pour le dégoût, celui-ci est apparenté aux instincts de survie.

Les 5 émotions

L’angoisse

Pour créer de l’angoisse, il faut généralement :

  • Une peur très intense (+++)
  • Une colère étouffée
  • Un excès de réflexion

L’angoisse est un mélange de peur très intense, qui peut être connue ou étouffée. De colère étouffée, donc rentrée et tournée contre soi. Et ingrédient final, un excès de réflexion, à savoir du ressassement.

Si tu souhaites lire plus sur l’angoisse, je t’invite à lire ce post :

La honte

La honte est une émotion composite complexe qui se forme dans un contexte où une image valorisante et saine de soi est impossible. Pour la médecine chinoise, la honte n’est pas une émotion « naturelle » ou physiologique. Elle est la suite cohérente d’une impossibilité de se sentir fier et d’une impossibilité de se sentir indifférent.

En somme, lorsque l’on ressent de la honte nous sommes coincés entre deux voies sans issues, celle d’une estime de soi atteinte et l’impossibilité de ne rien ressentir.

La honte est un mélange complexe d’émotions non-physiologique, qui a pour base, en général ces différentes composantes :

  • Un excès de réflexion, c’est à dire du ressassement
  • Une colère étouffée et retournée contre soi
  • De la tristesse, plus ou moins consciente
  • Une peur, elle aussi plus ou moins consciente, souvent en lien avec la crainte de rejet ou le jugement extérieur.

La honte s’accompagne du sentiment d’humiliation et s’accompagne bien souvent de la culpabilité. Pour travailler sur le sentiment de honte, un travail sur l’estime de soi permet de conscientiser en profondeur les racines de ce déséquilibre.

Si tu souhaites approfondir le sujet de la culpabilité, celui-ce fait l’objet d’un syndrome en médecine chinoise :

La haine

La haine se forme sur une base d’une forte colère non évacuée, d’une peur plus ou moins inconsciente et d’une déception importante. Pour la médecine chinoise, la haine se forme lorsque la conscience n’arrive pas à contenir ou réguler toutes ces différentes émotions.

La tristesse est souvent enfouie et difficile à voir dans le cas de la haine. La haine se rapproche du sentiment de trahison, dans le sens que la trahison est un mélange de colère et de tristesse.

Voici les composantes essentielles pour l’émergence de la haine :

  • Peur étouffée ou inconsciente
  • tristesse liée à une attente ou une déception
  • Forte colère non évacuée
  • Conscience n’arrivant pas à réguler toutes ces émotions

Comme cette émotion composite comprend 4 grands paramètres, elle peut prendre des formes variables selon les « quantités » respectives de chaque émotion.

Aussi, la haine raciale ou liée à un sujet discriminant n’a rien à voir avec la haine que ressent une personne suite à une rupture amoureuse difficile.

Par contre le point commun sera que si il y a une prise de conscience sur les émotions étouffées l’émotion de haine peut changer de forme progressivement, car le blocage est levé.

La rancune

La rancune est le fait de nourrir des reproches à l’encontre d’une personne ou d’une situation passé en faisant durer l’état de colère et d’amertume volontairement. Cette émotion est particulièrement fréquente lorsqu’on exprime de la colère et que celle-ci n’est pas entendu. Et dans d’autres situations proches, comme dans les situations où l’on exprime ses limites ou ses besoins, et que à nouveau, nous ne sommes pas entendu.

La rancune est une émotion composée, généralement :

  • D’une colère qui ne trouve pas sa forme d’expression ou d’une colère qui n’est pas entendue
  • d’une réflexion (pas forcément déséquilibrée) qui tourne autour de l’objectif d’être entendu ou de la résolution du conflit initial.
  • Une action de volonté de fixer sur ce sujet précis

Vous l’aurez compris, la rancune ne peut exister sans colère et celle-ci peut être légitime et saine. Elle peut même s’exprimer correctement.

Mais à partir du moment où l’individu ne se sent pas entendu, voir bafoué alors qu’il exprime sa colère ou sa révolte, que c’est l’indifférence ou l’absence d’écoute face à lui, à ce moment il y a la possibilité qu’une rancune se crée.

Souvenez vous, dans l’introduction à la colère, nous avons vu que celle-ci s’accompagne toujours d’une sentiment d’injustice ou de manque de respect. Exprimer sa colère à pour but de trouver un chemin soit, pour se préserver, soit de rétablir la justice.

Si lorsque vous exprimer votre colère, vous faites face à un mur de réactions soit, dédaigneuses, soit à de l’indifférence, soit à des techniques pervers qui inversent les choses, qui délocalisent le problème, il risque d’y avoir deux grand type de réactions possible :

Soit, la personne est sûre d’elle dans sa légitimité de se sentir révoltée, soit la perception de la réalité de la personne est atteinte. Celle-ci se met alors à douter et à envisager le problème sous un autre angle.

Dans le cas premier, ou la personne se sent légitime et dans son bon droit entre en scène sa ténacité face à se faire entendre ou alors sa capacité à lâcher-prise et à accepter la situation avec ce qu’elle comporte d’injustice.

Attention, il n’est pas question de prendre des raccourcis en imaginant que les rancunes sont forcément un manque de résilience et d’adaptation et que la position la plus sage est l’acceptation radicale.

Il existe pour chaque individus des situations absolument inacceptables. Dont certaines comportent un consensus social et moral qui valide la légitimité de la colère. Cela s’appelle la loi notamment. Vous conviendrez donc, qu’il existe des situations où l’acceptation ne peut être un premier choix et où la rancune peut, malheureusement, être présente longuement.

Le meilleur moyen d’éviter la rancune est la bonne gestion des conflits. Non pas dans le sens de les éviter, mais plutôt dans le sens d’avoir du respect mutuel dans les besoins et les révoltes respectives.

Par opposition à ce dernier paragraphe, l’indifférence face à autrui, à ses besoins ou ses révoltes est un fort déclencheurs de rancune.

Si tu souhaites approfondir le sujet de la rancune, celle-ci fait l’objet d’un syndrome en médecine chinoise :

L’aversion

En médecine chinoise, l’aversion s’apparente à la notion de dégoût, de rejet face à un être, une situation voire un objet.

Cette émotion prend forme de manière générale :

  • Dans une réflexion vraiment excessive, du type cogitation, ressassement, presque de manière obsessionnelle
  • Beaucoup de colère, consciente ou non
  • Possiblement aussi de la peur

L’aversion peut se retrouver dans différents contextes. par exemple dans les cas de phobies, l’objet de la phobie est généralement un sujet d’aversion.

L’aversion peut sembler être quasi instinctive. Nous donnant l’impression que c’est notre corps qui nous informe d’une situation à éviter. Dans ces cas-ci l’on peut comprendre que si l’on n’a pas accès consciemment au pourquoi de cette émotion cela ne veut pas dire qu’elle sort de nulle part, mais plutôt que le sujet déclencheur est peut-être camoufler sous du déni ou simplement inconscient.

Le doute

En médecine chinoise, le doute, de manière générale, est le fait d’avoir une hésitation face à une compréhension ou la perception de la réalité. C’est une émotion saine dans la mesure ou elle enclenche une réflexion suite à une crainte.

L’on différencie le fait de douter de soi, qui permet la remise en question et qui est un moteur d’adaptation et d’évolution, du doute de soi excessif qui fait l’objet d’un syndrome.

Le doute est un mélange :

  • De peur (souvent légère)
  • De reflexion

L’intensité de ces deux émotions et leurs expressions respectives fera la différence entre une remise en question saine et profitable ou une tendance excessive à la remise en question.

Si tu souhaites approfondir le sujet du doute, voici quelques suggestions :

Le scrupule

C’est une émotion qui arrive lorsque nous apparait des conséquences face à une action ayant eu lieu dans le passé. Ces perspectives de conséquences semble éffrayantes pour l’individu mais pour autant la réflexion ne permet pas une « réparation » ou une issue apparemment sans conséquences.

Le scrupule est une émotion composée :

  • De peur face à l’avenir impliquant notre responsabilité
  • De réflexion ne permettant pas la résolution de ce dilemme.

Selon l’orientation de la pensée et de la réflexion, celle-ci peut engendrer du remords et de la culpabilité, ainsi que de la honte potentiellement.

Si tu souhaites approfondir le sujet du remords tu peux lire :

la cogitation

La cogitation est un excès de réflexion mélangé à une tristesse, parfois non identifiée. Il s’agit d’une réflexion qui n’aboutit pas et qui s’accompagne généralement d’un sujet sur lequel nous n’avons pas prise, ce qui naturellement entraine de la tristesse.

La cogitation c’est donc un mélange de :

  • Réflexion excessive
  • Tristesse souvent non identifiée

Si tu cogites, poses-toi la question suivante : Quel est le changement qui ne te conviens pas, que tu refuses ou celui que tu attends mais qui ne vient pas.

La cogitation fait l’objet d’un chapitre complet dans le dossier suivant :

L’ennui

L’ennui apparait d’une part lorsque l’esprit manque de stimulation, mais également lorsque la psyché est « oppressée » par le souci et la tristesse, soit étouffés soit non reconnu.

L’ennui est donc souvent en lien avec :

  • Un besoin de stimulation et de nouveauté
  • des émotions étouffées comme de la réflexion et la tristesse

Si les objectifs ou les buts de l’esprit sont bien définis, les risques de vivre de l’ennui diminue. Un esprit « clair » sera fort et moins impactable par les émotions de souci et de tristesse, même si celles-ci sont étouffées ou « stagnantes ».

Si la stimulation est grande, cela suscitera une forme d’excitation de l’esprit et lui redonnera de la « vigueur », le dynamisera.

Le sentiment d’abandon

Le sentiment d’abandon est un mélange de peur et de tristesse. Cette émotion composite est construite avec :

  • De la peur part perte de repères
  • De la tristesse sans acceptation

L’on ressent un sentiment d’abandon lorsque ce qui nous sert de « points de repères » ou de référentiel disparait ou change de forme.

Ceci est classique dans les relations, mais cela peut s’étendre à d’autres contextes. La grande majorité du temps ces fameux « points de repères » ne sont pas conscient. Il est alors difficile d’apporter de l’acceptation sur un processus qui n’est pas conscientisé.

Devenir sont propre référent est une démarche puissante de d’apaisement en ce qui concerne l’abandon.

Le sentiment de trahison

Le sentiment de trahison est proche du sentiment d’abandon. La peur n’est pas présente, à sa place se trouve la colère. Les composantes du sentiment de trahison sont donc, en général :

  • La tristesse sans possibilité d’acceptation
  • La colère non entendue

De manière générale, ce qui est trahi lors de ce sentiment, c’est soi-même. C’est un peu une boucle sans fin.

La colère vient d’un sentiment d’injustice, d’un non-respect de nos besoins et de nos valeurs. Lorsque la colère s’exprime, elle cherche à rétablir l’équilibre et le respect. Comme les besoins, les valeurs ou juste l’expression de la colère ne sont pas entendu, cela entraine un sentiment d’impuissance. L’impuissance s’accompagne de tristesse et d’un sentiment de fragilité. L’acceptation (dans le cas de la trahison) n’est pas envisageable cela entraine un sentiment de révolte. La révolte entraine de la colère. Et ainsi de suite.

Le mépris

Le mépris est composé d’une colère contenue et étouffée mélangée à du ressassement, un excès de réflexion. Dans ce cas, chacune de ces deux émotions sont déjà individuellement pathologiques :

  • La colère est à la fois étouffée et excessive avec tout ce que cela implique en terme de dérive d’énergie (potentiellement : agressivité, violence, domination, orgueil…)
  • La réflexion est de l’ordre du ressassement (l’excès) voir la cogitation (excès + tristesse)

Le mépris s’accompagne forcément d’un manque d’empathie, un manque d’ouverture d’esprit et des catégories mentales rigides. On peut alors s’attendre à une forme plus ou moins importante de stagnation mentale.

Il existe d’autres émotions composites évidement. Il existe également des émotions composites qui interagissent avec d’autres paramètres psychiques plus complexes. Comme la stagnation de la notion d’espace-temps pour la mélancolie, ou avec des facteurs physiologiques.

N’hésite pas à me dire ce qui t’intéresserais en commentaire ! J’en parlerai dans un prochain article.

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