Introduction à la peur dans la vision taoïste
Introduction aux émotions
Les émotions sont des mouvements, des expressions jaillissantes, des messagers en quelque sorte. Elles ne sont, par nature, ni bonnes, ni mauvaises.
Chaque émotion a pour vocation de nous délivrer un message afin que nous puissions incarner de plus en plus qui nous sommes et nos valeurs, en souplesse dans le grand mouvement de la vie.
Une émotion n’est ni bonne, ni mauvaise.
Pour autant, son expression, la façon de la vivre et de la ressentir peut être perçu soit comme conforme au mouvement de la vie, car on le laisse s’exprimer. Soit comme une entrave à ce mouvement naturel.
En regard de cela, il n’y a pas de bonnes émotions comme la joie qui serait à favoriser et des mauvaises émotions, comme la colère ou la tristesse, qu’il faudrait diminuer ou faire taire. Il y a donc juste des mouvements émotionnels harmonieux ou dysharmonieux selon que l’on les entravent ou non.
Mais pour commencer à laisser les émotions s’exprimer à travers nous, nous avons besoin de comprendre leur utilité.
Le message de la peur
Et le message est plus important que le messager. Apprendre et reconnaitre les émotions et leurs messages permet de gagner en connaissance de soi et en sérénité.
Y compris dans les moments difficiles.
Le message de l’émotion est toujours le même, pour tout le monde, également si tu n’est pas à l’aise avec l’émotion en question.


« Tu es mortel et fragile. Fais quelque chose pour te mettre en sécurité ! »
TA PEUR
Définition
La définition de la peur est la même pour la médecine chinoise qu’en occident.
« Émotion qui accompagne la prise de conscience d’un danger, d’une menace. »
La peur est une émotion qui se déclenche face à la perception d’un danger objectif ou non. Son objectif est de nous » motiver » à faire quelque chose pour rester en vie.
Les mécanismes de la peur
Du point de vue de la neurologie, la peur est essentiellement une activation de l’amygdale.
L’activation de l’amygdale correspond généralement à un sentiment ou une perception de danger imminent. Elle peut entraîner une inhibition de la pensée et prépare l’individu à la tétanie, à la fuite ou à se défendre.
De manière plutôt archaïque, la peur va nous pousser à trouver une stratégie de survie. Parmi ces stratégies, trois sont de l’ordre de la réaction primitive :
- La fuite ;
- La tétanie ;
- Le combat.


Les déclencheurs de la peur
- L’inconnu sous toutes ses formes ;
- Le danger objectif ;
- Le risque présumé de revivre une situation déjà vécue comme dangereuse ;
- L’hypothèse d’être confronté à des personnes ou des circonstances dangereuses.
De toutes les émotions, la peur est celle qui nous relie le plus à notre instinct, à notre part animale. Il est essentiel de comprendre que sans elle, nos ancêtres lointains n’aurais pas pu survivre, tant ils n’étaient pas au sommet de la chaine alimentaire.
Je vous invite à réfléchir à cette notion de danger objectif VS danger présumé, qui sont des sources tout à fait légitime de peur mais pour autant non-dangereuse en terme de survie pure.




Les réactions instinctives à la peur
La fuite
Elle est la réponse première à la peur et certainement la plus saine en terme de survie et de pérénité. Elle prend racine dans notre lointaine histoire d’hominidé.
N’en déplaisent à certains, elle est la première réponse instinctive à la peur. Sauf dans deux cas spécifiques :
- Lorsque la fuite est impossible (typique des lieux clos comme le métro par exemple).
- Lorsque les enjeux sont forts. Qu’il est question de protection de soi, autrui, de valeurs essentielles.


Le combat
Dans une situation perçue comme dangereuse, l’option du combat est choisie lorsque que fuir est plus dangereux encore, que l’issue du combat semble favorable ou aisément accessible, ou encore que nos valeurs, les choses aux quelles nous tenons sont engagées.
Au moment où l’option du combat est choisie, l’émotion perçue à l’origine comme de la peur, devient de la colère.
Les choses qui font choisir le combat :
- Minimum de risques
- Maximum de bénéfices


La tétanie
La tétanie est une tentative de camouflage.
Elle se différencie de l’état de sidération (lien avec un traumatisme). L’idée étant, si je ne bouge pas, je ne fais aucun bruit, je ne serai pas vu.e. La tétanie est la réponse physiologique à la peur lorsque l’on se sent en prédation, et que ni la fuite ni le combat ne sont perçus par notre instinct comme une option.
La tétanie est le dernier recourt naturel lorsque ni la fuite ni le combat ne peuvent être envisager.
C’est aussi la réponse naturelle à une situation absolument inconnue que l’on arrive pas à évaluer en terme de danger.
Si demain une navette spatiale atterrit devant chez toi et qu’il en sort un plat de spaghetti bolonaise géant qui parle en verlan avec la voix de ta belle-mère, il y a de forte chance que ce soit tellement étrange que tu tétanises !


La sidération
La sidération n’est pas une réponse physiologique à la peur. C’est une réaction psycho-corporelle lié à un traumatisme.
La sidération psychique est un phénomène de survie psychique qui a pour but de se protéger de la souffrance en s’en distanciant. C’est un état de stupeur émotive dans lequel le sujet est figé.
Dans tous les cas de sidérations, il y a, à priori, un sentiment consécutif de honte et de culpabilité. La sidération est un état de stress intense qui peut durer durant plusieurs heures.
Il y a de nombreux symptômes à la sidération. Mais les plus constants et les plus marquants sont le sentiment de honte et de culpabilité qui sont consécutifs à l’état de sidération psychique.
C’est justement ce sentiment qui empêche les victimes d’oser dire et d’être en capacité de discernement.


La peur vue part la médecine chinoise
Toutes les émotions sont perçues par la médecine chinoise comme étant des mouvements énergétiques.
La peur est une mouvement intérieur. Son mouvement est celui de la descente. Lorsque l’on a peur, notre sang descend dans les jambes et nous prépare à la fuite, au combat ou à la tétanie.
La peur est donc l’émotion le plus en lien avec notre instinct de survie et notre instinct de protection et de conservation. Elle se rapporte toujours à une perception d’insécurité face à une situation ou face à une ou des personnes.
La peur a un lien fort avec les traumatismes. Car toutes situations ayant été vécu comme un danger deviendrons ultérieurement potentiellement une source de danger hypothétique dans le futur.
La peur est contagieuse, elle se transmet par » osmose « lors d’apprentissage. C’est ainsi que les phobies peuvent traverser les générations.
L’utilité de la peur
La peur permet de garder « les pieds sur terre » et nous permet d’éviter les comportements à risques. Si elle n’était pas là, on sauterai par la fenêtre pour sortir d’un immeuble afin d’aller plus vite.
Elle est la déesse de notre instinct de survie et de conservation. Elle nous enseigne la prudence et le courage lorsqu’elle est physiologique.
Elle nous rappelle également à notre petite place dans l’univers vaste et infini et à notre nature mortelle et éphémère.
La peur saine nous enseigne l’humilité car elle est un frein important à l’égocentrisme et à la toute puissance.


Les caractéristiques d’une peur physiologique
Une peur saine doit nous alerter sur un danger potentiel. Elle a la fonction du warning sur ton tableau de bord.
Elle doit donc s’enclencher dans les situations suivantes :
- Danger imminent
- Hypothèse de danger
- Situation ressemblant à une situation ultérieure souffrante ou dangereuse
- Et aussi, il est naturel d’avoir peur lors de situation inconnue.
Apprendre à analyser quel est la source de ta peur va t’aider à favoriser la peur physiologique. Et notamment avec une question simple :
- Y a t-il un danger réel et imminent ?
La peur physiologique face à un danger imminent enclenche de manière instinctive une réponse de type fuite, tétanie ou combat. Il est essentiel que cette « chaine de commandement » fonctionne bien.
Même si parfois notre système instinctif ne choisit pas la réponse la plus pertinente ! Je me rappelle le jour où j’ai manqué de me faire écraser par une voiture et que j’ai juste hurlé et tétanisé au milieu de la route ! D’ailleurs, la femme au volant à fait à peut prêt la même chose !
Si le danger n’est pas imminent ou objectif il n’en est pas moins légitime d’avoir peur. Néanmoins se rappeler qu’arriver en retard n’est pas mortel comme être moqué lors d’une prise de parole en publique par exemple et important pour commencer une analyse.
Le danger non-imminent et non mortel (ou plus tard comme ces scènes de désamorçage de bombes) doivent enclencher une réflexion qui vise un passage à l’action.
Si tu as peur, mais que tu fais rien pour te sentir en sécurité, ta peur n’est pas physiologique !


interactions physiologiques
En médecine chinoise, il n’existe pas de scission entre le corps, l’esprit et les émotions. L’humain est vu comme un tout. Pour la vision taoïste, il est évident que les différents plans de la vie humaine sont interdépendants et d’influence mutuellement.
Aussi, l’émotion de peur qui est en lien par similitude de mouvement énergétique avec les reins, à une forte influence sur cet organe. De même, une pathologie au niveau des reins (selon un diagnostic médecine chinoise) aura une influence sur l’émotion de peur.
Si tu souhaites en savoir plus sur les correspondances de mouvement énergétiques je t’invite à lire cette page :
Je détaille ces interactions dans l’article : Focus sur la peur. En attendant, je t’invite à garder en tête l’interaction entre cette émotion et cet organe. Et surtout à envisager qu’un déséquilibre émotionnel peut venir d’un déséquilibre d’organe et vice-versa.




Les formes de Peurs pathologiques
Dans l’article Focus sur la peur, je détaille les 5 formes de déséquilibres pathologiques de la peur :
- LA PEUR EXCESSIVE
- LE MANQUE DE PEUR ET L’ABSENCE DE PEUR
- LA PEUR ÉTOUFFÉE
- LA PEUR INAPROPPRIÉE


Consolider les bases
En médecine chinoise, la notion d’équilibre se situe toujours entre le « trop », la notion d’excès et le « pas assez », la notion de manque, voire d’absence.
Comme à vélo, l’équilibre s’atteint dans le mouvement.
Ainsi, chaque émotion possède son mouvement propre, en lien avec le yin et le yang. Mais nous n’entrons pas dans ces détails. Si tu veux mieux comprendre ce sujet, c’est par ici :


Pour aller plus loin sur des sujets connexes à celui que tu viens de parcourir, voici mes suggestions de lecture :
Sur le blog :
- Je suis un monstre, mais je me soigne ! Les remords et la culpabilité
- différence entre être et faire
- Être authentique avec soi
Sur ME · TAO · Organic :


Si tu souhaites poursuivre ta découverte des émotions tu peux lire :